L’Acromphale

SCHÈMES ROCK

BRUNO PONS LEVY

Quand, fin décembre 2010, son frère exilé outre-Manche lui confie vouloir renouer avec la langue maternelle pour un premier album solo, l’écrivain se sent prêt à reprendre sa plume de déserteur des planches. Marc est aujourd’hui un rockeur aguerri, song writer de surcroît, mais il respecte trop le phrasé des poètes francophones pour se risquer, par excès de confiance, à affaiblir l’album dont il rêve. Bruno lui propose alors un pacte drastique. Une collaboration où non seulement les tâches de création sont nettement partagées, mais devront le rester jusqu’au terme de la réalisation. En deux mots, le compositeur n’impose rien à l’auteur, et réciproquement. Chaque texte oppose à la partition sa musicalité propre. Chaque musique inflige à la page son propre langage. Et si Paris passe au prisme de Londres et Londres au prisme de Paris, leurs psycho-organismes génétiquement modifiés n’en font que mieux souligner le mariage de l’uniformisation et de l’individualisme auquel nous a habitués ce village planétaire, préempté sous le sceau progressiste de la pensée virtuelle. En l’espace d’un virevoletant semestre, Pons Levy va poster quarante-deux textes originaux dans sa boîte mail dont un Test de la femme à barbe, qui ouvrira le somptueux album éponyme que Marc O composera, interprètera, réalisera de bout en bout avec, en guest, le pionnier du rock britannique Dave Richmond, lequel n’avait jamais rejoué pour un chanteur hexagonal depuis sa collaboration avec un certain Serge Gainsbourg sur ce Sgt. Pepper français intitulé Histoire de Melody Nelson.