L’Acromphale

La guerre met tout à sac, dégommant les repères un à un. Sur ce point particulier, Clouzot a visé juste. Lorsqu’un séisme, rassasié de dévastations terrestres, décide de s’attaquer au plafonnier, les lustres s’y balancent et l’impermanence des éclairages qu’ils nous procurent crée de l’instabilité dans des principes qui jusqu’alors nous paraissaient inébranlables. Le spectre archéofuturiste d’une Troisième Guerre mondiale nous fait anticiper un temps de confusion généralisée où il devient acrobatique de combattre le Grand Renversement sans retourner contre l’ennemi ses propres armes. Nous n’en serons que plus vigilant, dans les zones marécageuses où nous attire un camp du bien sans foi ni loi, à ce que soit déjoué le plus funeste des pièges que l’on nous tend, celui d’une entorse au primat du discernement sur la riposte. Notre contre-offensive a pour but de stopper, sous une pluie de prolepses, la résurgence des tropismes identitaires et de leurs produits dérivés racialistes, suprémacistes, nationalistes, séparatistes, entristes et culto-culturels, tels que se plaît à les sponsoriser, sous nos yeux horrifiés, l’épouvantail d’une invasion panrusse, comme les effets indésirables que serait de nature à provoquer quelque antidote idéologique lancé sur le marché mondial par un bradeur des équilibres géostratégiques. Les notions d’unité, de souveraineté, de pluralité, d’altérité, d’identité, d’égalité, de liberté, nous enjoignent-elles encore, nous, citoyens des États unis par le droit international, de consentir pour leur défense au sacrifice suprême comme c’est le cas, chaque jour, dans l’oblast de Louhansk ou la vallée du Panjshir ? Autant de questions obscures au tréfonds desquelles nous n’aurons pas d’autre choix que de puiser dans nos propres lumières afin de nous hisser vers cette civilisation transcendantale, universelle, ultime, unique en tant qu’elle sera unifiée, dont nous ne désespérons pas d’avoir participé de l’inéluctable avènement.