L’Acromphale

Les graines du conspirationnisme réalisent des avancées significatives, pour peu que le méta-impérialisme qu’elles ont contribué à implanter dans le cortex de l’Organisation, achève de s’instaurer par le truchement d’un processus d’émergence macroéconomique englobant la totalité des prétendants à la succession des empires démantelés. Ces derniers peuvent alors se regonfler à bloc, profitant d’une forme de pollinisation impossible à contenir. Depuis la fin des années quatre-vingt, l’auteur de La trouée sentait monter le vent mauvais du totalitarisme, ne se laissant pas duper par le caractère pan-nationaliste d’un néo-Axe qui tenait le flambeau universaliste des Lumières pour une branche du colonialisme. Quand le panislamisme ne démord pas de son droit de préemption sur une Terre sainte dont la portée symbolique aurait le pouvoir de confirmer ou infirmer la supériorité du troisième monothéisme sur ses prédécesseurs, et induit, au passage, le théorème erroné d’un Dieu perfectible, la gauche révolutionnaire se révèle pour sa part incapable d’offrir au peuple le plus persécuté de l’Histoire ne serait-ce qu’un jour de trêve à l’occasion duquel savourer en silence une souveraineté nationale spoliée au long des siècles par les théoriciens du Verus Israël. Alors, les Prodromes tendent l’arc contre ceux qui tendent l’arc. Ne concevant pas de se répandre tel un vulgaire règlement de compte, ils dressent un état des lieux sans concession de la République des Lettres et refusent, à ce titre, de mettre sous le boisseau la portion congrue des injustices qui frappent la globalisation posthumaniste.