L’Acromphale

Qui contesterait que, sous l’administration Bush, le Pr. Chomsky se fût attribué, ou qu’il lui eût été octroyé — au fond, quelle différence — l’insigne de grand-commandeur de la novlangue altermondialiste ? S'étant replongé dans l’étude des systèmes religieux, philosophiques et scientifiques de ce qu’il faut bien appeler la transcivilisation, Bruno ne sait par où reprendre son fleuve littéraire. La conversion numérique de la presse a engendré de l'interactivité avec le citoyen hyperconnecté des années 2010. Ayant commis en ligne quelques actes pétitionnaires le propulsant au-devant de l'arrière-scène, il se prend au jeu. Il prend conscience de son influence, tantôt judiciaire, tantôt législative, bientôt exécutive, ce qui ne manque pas de sel dès lors qu'on met celle-ci au compte de sa radicalité. Alors, il se met à commenter l’Histoire en direct à la manière d’un talmudiste, ruminant l’événement, retournant en tous sens son propre commentaire. La disputation qui l’oppose, d’une part, aux tenants de la postmodernité heureuse, culturellement poreuse, dépourvue de défenses face aux saboteurs de l’État de droit et, d’autre part, aux adeptes d’une doxa antilibérale qu’il juge responsable de la dérive droitière des continents, s’écrira comme de juste. L’air de rien, mais au nez de tous. Il demeurera celui que le monde cherche à cacher derrière un pseudonyme. Squattant les sites d’intellectuels connus pour parler à l’oreille des puissants. Cimentant, de par sa distanciation mâtinée de distanciement, un esprit de résistance mondiale à la tentation totalitaire.