L’Acromphale

Les années vingt commencent et tout reste à bâtir. L’Europe ne sait plus d’où elle parle ni a fortiori de qui elle pourrait être le nom. La politique de l’ultimatum est de nouveau mise à mal, ne réussissant qu’à figer, par d’inflexibles tenues en respect, ici, un ennemi sur lequel nos missiles sont pointés, là, un allié d’avec qui l’on envisage une demande de divorce pour altération définitive du lien conjugal. Les États de non-droit profitent des séparations concomitantes aux liaisons éphémères et durables, asymétriques et covalentes, qu’engendre le brassage ethno-culturel des grandes démocraties occidentales au sein desquelles les positionnements s’enferrent, où, engoncés dans leurs derniers retranchements, les camps se dessinent et où, petit à petit, l’idéal du vivre-ensemble cède le manche de la charrue sociétale aux idéologies inconciliables. Les partisans de l’universalité d’un côté, les identitaires de l’autre, et ce, qu’importe leur extraction sexuelle, sociale, ethnique ; in fine, c’est la propension des hommes à sortir par le haut des zones critiques de l’Histoire universelle qui s’en trouve réduite à une peau de chagrin. C’est par là que s’infiltrent nos psaumes subliminaux ; ils sont dédiés à Ouriél, principal carburant des Lumières sous l’égide duquel nous disputions pied à pied le sol du droit à une faction dont le surmoi libertaire en chute libre se caractériserait par un puissant tropisme obscurantiste, avant que le virus roi ne nous prît d’assaut et qu’en l’espace de quelques jours, il ne nous convainquît de cryogéniser des pans entiers du tissu civilisationnel dans lequel s’intriquaient nos consciences. À cet instant potentiellement génésique où rien n’est encore perdu.