L’Acromphale

Ce discours à caractère monographique fut composé à l’occasion de la première rétrospective que le musée de Vire consacra à Noëll, au cours de l’été 1998. La peintre avait demandé à l’ontographe s’il voulait bien rédiger quelque chose comme une introduction à son œuvre, qui esquisserait à grands traits sa démarche unitaire, encore informulable. Bruno n’avait pas dit non, sans rien pouvoir promettre à sa mère. De fait, si la parole filiale excelle à restituer son expérience d’un œuvre dans lequel a baigné son enfance, elle va vite s’avérer illisible, à moins qu’on ne consente à l’appréhender à son tour comme un objet d’expérimentation. C’est ainsi que son opacité indique la route à suivre aux visiteurs de l’exposition. Ils devront s’embarquer dans l’univers noëllien comme dans son propre texte, sans contester la vague, sans dévier du sillage, sans désespérer de voir un semblant de rivage depuis cet océan-miroir qui n’a jamais été au milieu de nulle part.